Israël annonce un plan de « conquête totale » de Gaza. La France condamne... et après ?
Par Nadjib TOUAIBIAPublié le
L’annonce, le 5 mai 2025, par le gouvernement israélien d’un plan de « conquête totale » de la bande de Gaza marque une nouvelle étape dans la stratégie d’épuration ethnique et de destruction systématique menée depuis près de deux ans contre les Palestiniens. Ce plan, voté à l’unanimité par le cabinet de sécurité de Benyamin Nétanyahou, prévoit une offensive militaire de grande envergure, le déplacement forcé de la majorité des Gazaouis et une occupation permanente du territoire. Derrière cette opération se profile également le sinistre « plan Trump », qui vise à vider Gaza de sa population pour en faire une « Riviera du Moyen-Orient ».
Alors que l’ONU s’alarme des conséquences humanitaires catastrophiques de ce projet, les réactions internationales, notamment celles de la France et de l’Union européenne, se limitent à des condamnations verbales sans mesures concrètes. Une complaisance qui équivaut à une complicité sournoise dans ce qui constitue clairement un génocide.
Une stratégie génocidaire assumée : conquête, déplacement et famine organisée
Le plan israélien, baptisé « Chariots de Gédéon » a pour objectif central une occupation militaire totale. Contrairement aux précédentes opérations, Israël entend cette fois s’installer durablement dans Gaza, en contrôlant l’ensemble du territoire et en empêchant tout retour des Palestiniens dans les zones conquises. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, figure de l’extrême droite israélienne, l’a affirmé sans détour : «Nous allons enfin conquérir la bande de Gaza. L’annexion est une possibilité».
Cette offensive s’accompagnera d’un déplacement massif et forcé de la population. L’armée israélienne prévoit de pousser des centaines de milliers de civils vers le sud de l’enclave, dans des zones déjà surpeuplées et ravagées par la guerre. L’opération s’inscrit dans une logique d’expulsion définitive, comme en témoigne la promotion active du « plan Trump », qui envisage le transfert des Palestiniens vers l’Égypte et la Jordanie.
Depuis le 2 mars 2025, Gaza est soumise à un blocus total, privant la population de nourriture, de médicaments et de carburant. Le gouvernement israélien affirme cyniquement qu’il y a «suffisamment de nourriture» à Gaza, alors que l’ONU et les ONG alertent sur un risque de famine généralisée.
Ces mesures s’inscrivent dans une logique d’élimination progressive des Palestiniens, combinant bombardements, privations et expulsions. Comme le souligne un habitant de Gaza, Aouni Aouad, cité par France Info : « Israël n’a cessé ni la guerre, ni les tueries, ni les bombardements, ni la destruction, ni le siège, ni la famine qui se poursuivent chaque jour ».
L’ONU s’alarme, mais qui agit ?
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit « alarmé » par ce plan, soulignant qu’il conduirait à « un nombre incalculable de civils tués supplémentaires ». Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a dénoncé une violation des «principes humanitaires fondamentaux», tandis que des rapports confirment que plus de 52 000 Palestiniens ont déjà été tués depuis octobre 2023.
Pourtant, malgré ces alertes répétées, l’ONU reste impuissante face au veto des puissances occidentales, notamment des États-Unis, qui continuent de soutenir Israël sans réserve. Le président américain Donald Trump, dont la visite au Moyen-Orient est prévue du 13 au 16 mai, a explicitement soutenu l’idée d’un «départ volontaire» des Gazaouis – euphémisme pour une expulsion forcée.
La position ambigüe de la France
La position de la France est emblématique de l’hypocrisie occidentale. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a qualifié le plan israélien d’« inacceptable » et a promis une condamnation « rès ferme». Mais cette rhétorique n’est suivie d’aucune action concrète. Paris évoque une reconnaissance future de l’État palestinien, mais refuse d’imposer des sanctions économiques ou militaires contre Israël.
À quoi sert une condamnation sans mesures ? Cette question résume l’impuissance calculée des dirigeants européens, qui préfèrent ménager leurs relations avec Tel-Aviv plutôt que de défendre le droit international. Comme le souligne un diplomate européen sous couvert d’anonymat : « L’UE est préoccupée, mais pas au point de rompre ses partenariats avec Israël ».
L’Europe, complice par son silence
L’Union européenne se contente d’appeler à la « plus grande retenue », une formule creuse qui masque mal son acquiescement à la politique israélienne. Alors que des pays comme l’Allemagne justifient même les bombardements de civils en affirmant que « les écoles et les hôpitaux ont perdu leur statut protégé », l’UE continue d’approvisionner Israël en armes et maintient son soutien diplomatique.
Cette complicité passive n’est pas une erreur, mais un choix stratégique : l’Europe préfère la stabilité de ses alliances à la défense des droits humains. Résultat, Gaza devient un laboratoire de l’impunité, où les crimes de guerre sont perpétrés en toute légalité.
Un crime en direct, une complicité mondiale
Le plan israélien d’annexion de Gaza n’est pas seulement une escalade militaire, mais une étape décisive vers l’éradication programmée du peuple palestinien. Sous couvert de « lutte contre le Hamas », Israël mène une guerre coloniale et génocidaire, avec le soutien tacite des puissances occidentales.
Les condamnations sans suite de la France et de l’UE ne sont que des simulacres de morale, destinés à masquer leur lâcheté. Quant à l’ONU, réduite au rôle de spectatrice, elle ne peut que constater l’effondrement du droit international.
Dans quelques années, lorsque l’histoire jugera cette période, une question demeurera : comment le monde a-t-il pu laisser faire ? La réponse est déjà écrite : par indifférence, par complicité, et par la conviction que certains peuples sont moins dignes de vivre que d’autres. Le racisme dans toute son horreur.